Voyagez dans le temps avec une carte des prénoms les plus donnés en France depuis 1930 !

La carte des prénoms féminins en France depuis 1930

Marie : la fin d’un règne

Sans surprise dans un pays dont le catholicisme a longtemps été religion d’Etat, Marie est le prénom le plus populaire, de très loin, en 1930 : ce prénom est donné plus du double de fois cette année-là que les prénoms Jacqueline et Jeannine, médailles d’argent et de bronze sur le podium.

Pendant les décennies suivantes, on voit la popularité du prénom baisser lentement (avec néanmoins quelques pics comme en 1947) : Monique gagne du terrain en 1940, avec 12514 naissances contre 7312 en 1940. Martine, elle, prend la deuxième place en 1950, avec toujours un gros écart avec Marie (28122 contre 16287). En 1960, la répartition du top 10 des prénoms devient beaucoup plus équilibrée, et Marie passe en 4^ème position : c’est le début de la fin pour ce prénom, qui disparaît même totalement du top 10 national en 1970. En 2019, Marie n’apparaît pas dans le top 10 des prénoms, et quasiment dans aucun top 10 départemental.

« Il avait un joli nom, mon guide, Nathalie… »

On observe des flambées de certains prénoms sur l’ensemble du territoire : la plus impressionnante pour les prénoms féminins est celle du prénom Nathalie, qui envahit la carte entière en 1970. Une explication : la chanson de Gilbert Bécaud Nathalie connaît un grand succès en 1964 ; le prénom devient le plus donné entre 1965 et 1971.

La carte des prénoms masculins en France depuis 1930

Jean, pendant masculin du prénom Marie

Comme Marie pour les femmes, Jean domine largement le panorama des prénoms donnés en 1930 : il est donné à 33 849 bébés, contre 17 070 André. L’immense majorité des départements donne ce prénom en première place. Cette tendance s’accentue en 1940 : seules la Réunion et la Guyane résistent encore à l’envahisseur !

En 1950, Michel fait une percée (décerné 27956 fois), mais Jean reste quand même largement en tête, et réalise même un meilleur score qu’en 1940. Même chose en 1960. A voir la carte ci-dessous, on pourrait pourtant croire que Philippe est le prénom le plus donné (avec 44 départements où c’est le prénom le plus courant) ; pourtant il n’est qu’en 6^ème place du top 10 des prénoms de garçons donnés cette année-là (après Jean, Michel, Alain, Christian et Patrick).

Jean tombe en disgrâce par la suite : en 1970, il n’est plus dans le top 10, où Philippe règne à quasi-égalité avec Eric.

Des pics de popularité de courte durée

Une mode notable et impressionnante est visible en 1980 : celle du prénom Nicolas, qui prend largement possession de la carte. Seuls 10 départements y échappent. La mode passe cependant en une décennie : en 1990, 9152 bébés sont prénommés Nicolas, contre 21805 en 1980.

1990 est plutôt l’année des Kevin, prénom en tête du top 10 national de 1989 à 1994, sans doute à cause de la coïncidence de plusieurs personnages populaires de l’époque. En 1990 sort Danse avec les Loups, de et avec Kevin Costner, ainsi que Maman j’ai raté l’avion qui met en scène le personnage de Kevin McCallister. Les deux films font un carton au box-office. Dans le même temps, le prénom est aussi popularisé par un des chanteurs des Backstreet Boys. La mode est cependant de courte durée, et le prénom tombe en désuétude.

L’embarras du choix : la carte des prénoms se diversifie !

Qu’il s’agisse de garçons ou de filles, une tendance intéressante à observer sur cette carte des prénoms est la diversification importante des prénoms populaires dans le temps.

Pour les filles, alors qu’en 1930 les départements se partageaient entre 7 prénoms, on passe à 12 en 2010, et à 17 en 2019 ! Il n’y a plus vraiment de prénom largement en tête comme l’était Marie en 1930 : les parents choisissent entre une multitude de prénoms, parfois existant depuis peu de temps. On observe une mode des prénoms courts se terminant en –a (Mia, Mila, Myla, Lola, Léa, Lina…) et un retour des prénoms anciens si on va voir les tops 10 départementaux. Léonie, Rose, Louise et Adèle ont du succès !

Côté garçons, la variété est encore plus frappante : on passe de 3-5 prénoms en 1930-40-50, à 15 prénoms en 2010, puis à 21 en 2019 ! La mode est, comme pour les filles, aux prénoms courts, mais avec une finale en –o : Enzo, Timéo, Léo, Hugo… Ici aussi, les prénoms classiques reviennent : Gabriel, Raphaël, Louis, Arthur, Jules…