Plan papier vs. carte numérique : pourquoi pas les deux ?

Jacky Beucher, responsable commercial d’Intercarto et géographe, nous propose aujourd’hui une réflexion sur la cohabitation possible entre le plan papier et son équivalent numérique dont le succès actuel pourrait bien éclipser celui de son ancêtre.

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Plan papier vs. carte numérique

Il existe aujourd’hui une dichotomie entre le papier et le numérique dans l’Information et plus particulièrement dans l’Information Géographique. Marier le plan papier et la carte numérique nécessite d’utiliser des canaux de communication au départ différents pour les combiner de façon cohérente et les rendre complémentaire : une approche type cross-canal permettant un prolongement du papier vers le numérique et inversement.

La xénophobie des nouvelles technologies n’a jamais été aussi vraie depuis que le numérique et internet ont immergés nos vies professionnelles mais aussi personnelles et intimes. Cette xénophobie du nouveau, parce qu’on le connait mal ou que l’on rejette consciemment ou inconsciemment, a construit et bercé nos valeurs depuis la révolution industrielle.

Et voilà ce que l’on a pu entendre ou que l’on entend encore de canaux et technologies liés à la communication, à l’information et aux loisirs :

  • la télévision va tuer le cinéma
  • Internet va tuer la télévision
  • les mails vont tuer les cartes postales
  • les téléphones vont tuer…

Et l’on peut encore entendre : « la nouvelle génération, née avec internet, les tablettes tactiles et autres smartphones, ne connait même pas l’existence des cartes et plans papier ».

Il faut bien comprendre qu’un smartphone ou un GPS permettent de se localiser (où suis-je à cet instant ?) et de se déplacer (par quel trajet dois-je me rendre vers un autre point ?) avec une grande facilité… et avec toute les problématiques d’affichage/effacement des informations visibles selon l’échelle à laquelle on est. Mais, à aucun moment, il n’est question de comprendre où nous sommes dans une approche plus globale.

La carte et le plan papier, en revanche, permettent une lecture de l’espace claire et à échelle fixe. Ils apportent une dimension d’appréhension de l’espace (non encore vécu et perçu), de compréhension de celui-ci dans sa globalité. À la différence de la carte numérique qui morcelle le territoire (on parle de dalles, de mosaïques) sans pouvoir s’en extraire. C’est pourtant en reculant que l’on apprécie les mosaïques dans leur globalité et que l’on en comprend tout le sens grâce à l’agencement des tesselles.

Une technologie en pousse généralement une autre… Mais dans la communication, ces moyens et outils cohabitent et même se complètent. Cette cohabitation entre l’ancien et le nouveau n’est toutefois rendue possible que si la technologie précédente s’adapte. Dans un monde qui par définition est en perpétuel changement et plus particulièrement dans le monde de la communication aujourd’hui digitale, tous ceux qui s’agrippent à leur modèle analogique n’arriveront pas à se mettre « à la page » : le constat pour l’éditeur de plans Blay-Foldex.

Oui mais « changer » c’est quoi ? Abandonner l’ancien et adopter le nouveau ? Ou se faire adopter par les deux ?

La courbe de Gartner (courbe d’adoption des technologies) se décompose en 3 phases :

  • Un pic d’attente fort
  • Une période de déception
  • Une période d’adoption

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La courbe de Gartner

Il faut inverser la courbe pour les plans papier. Après une période d’adoption de 600 ans (Gutenberg), le papier comme support de communication et de partage de l’information (et de la connaissance !) doit connaître un renouveau :

  • redonner au plan papier ses lettres de noblesses : le papier devient un support noble, raréfié. Reconsidérer du papier haut de gamme pour le plan papier ?
  • repositionner les cartes et plans papier sur des segments de marché identifiés : ne pas forcément repenser le contenu (un plan reste un plan) mais l’adapter aux cibles
  • créer la passerelle entre le plan papier et la carte numérique : QR codes, marqueurs invisibles…

Sur ce dernier point, les cartes et plans papier de Blay-Foldex, qui proposent à leurs acheteurs de bénéficier d’une prolongation numérique de leurs produits devraient contribuer à réconcilier les deux formats.